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J’ai lu «Deux roues, un avenir».
Histoire
Cyclo-féminisme
Automobile : aberration
Et le reste de la planète?

Bref, beaucoup d’infos qui se lisent bien.
Vraiment très bien.
D’étonnement en étonnement.

Un p’tit plaisir.

J’ai particulièrement aimé l’épilogue.
Que je vais vous présenter.

«Le vélo rêvé»

Le maire : Je sais bien qu’on a d’énormes problèmes de circulation, masi que voulez-vous, les gens sont si peu réalistes! Pour les contenter il faudrait un moyen de transport de taille réduite, facile à stationner, non polluant, silencieux, peu coûteux, consommant peu de carburant et populaire auprès des citoyens!

Le secrétaire : Vous rêvez, monsieur le maire…

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Le médecin : Comment remettre tous ces gens-là en forme, dites-moi, mon jeune ami? Comment leur faire perdre leurs kilos en trop, reprendre du tonus, lâcher leurs pilules, faire du sport, respirer de l’air frais, relaxer sans cesser d’être actifs et cela, d’une façon assez plaisante pour les encourager à persister?

L’interne : Vous rêvez, docteur?

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Le ministre des finances : Cher collègue, on n’a plus le choix, il faut couper! Mais peut-on vraiment réduire le coût de la voirie, de la police, des soins de santé et de la lutte contre la pollution sans gêner le transport, la sécurité et la protection de l’environnement?

Le sous-ministre : Vous rêvez, monsieur le ministre!

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Le papa-au-foyer : Ça m’énerve de surveiller le petit sans cesse! Ce qu’il faudrait, ma chérie, ce sont des rues où les enfants puissent jouer là, devant les maisons! Ils sont si insouciants à cet âge-là, ils sont trop jeunes pour être constamment conscients du danger! Si seulement la circulation était moins dangereuse et la vitesse si réduite qu’un accident soit tout simplement impossible. C’est pourtant pas compliqué!

La maman-au-travail : Ah, mon gros loup, je rêvais de ça moi aussi quand j’étais à la maison avec notre plus grande…

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Le curé : Mon cher ami, comme j’aimerais voir cette communauté moins égoïste! Que les gens s’entraident! Qu’ils donnent aux vieux une chance de sortir de leur isolement! Qu’ils organisent pour les enfants et les adolescents des loisirs sains! Qu’ils offrents aux pauvres des activités accessibles à leurs moyens! Qu’ils ne se dispersent pas, chacun pour soi, tout de suite après la messe!

Le vicaire : Vous rêve, monsieur le curé…

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L’artiste-photographe : Comment veux-tu que je te croque de jolis paysages urbains? C’est emcombré, c’est sale, les visages sont mornes… Ah, il l’avait facile, Doisneau, dans les belles années! Dégagez-moi ces rues-là qu’on voit les façades et donnez l’espace aux gens pour se rencontrer, entrer en rapport entre eux, qu’il y ait de la vie, des conversations, des expressions sur leurs traits…

La caméra : Tu rêves, mon pote…

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Le politicologue : L’idéal pour donner à la chose politique un visage moins austère et plus crédible, ce serait de trouver un champ d’action dialectique où l’idéologie  subversive déboucherait sur une praxis radicale, s’attaquant non pas aux épiphénomènes, mais à la clé de voûte du capitalisme et aux véhicules de ses valeurs individualistes, impliquant une critique vigoureuse du processus politique soulignant ses paradoxes et appelant son remodelage et ce, tout en suscitant chez le praticien une transformation irréversible de la conscience, l’exercice de son pouvoir personnel et faisant un pied de nez aux monopoles confrontés, le tout associé si possible à un nouvel ordre du plaisir, trouvant sa force dans sa simplicité même et dans sa gratuité, à l’anti-thèse des hiérarchies autoritaires et ce, dans un mouvement perméable , capable de se répandre par osmose à travers les couches sociales, transcendant les intérêts des sous-groupes, touchant chez tous un dénominateur commun fondamentalement réfractaire  à toute tentative d’aliénation…

Le fauteuil : On peut toujours rêver…

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L’automobiliste : Eh vous, à vélo, grouillez-vous! Vous rêvez ou quoi?

La cycliste : Oh oui, je rêve de pommiers à la place des parcomètres, de jardins dans les stationnements, de fontaines au milieu des intersections, de mini-parcs dans les ruelles…Je rêve de chiens, de chats, d’écureuils et aussi de lièvres, de ratons-laveurs, de faisans et de mésanges bien à leur aise sur les pelouses et dans les arbres…Je rêve d’édifices toutes fenêtres ouvertes et de curieux accoudés  qui regardent les rues où des promeneurs de tous âges déambulent en bavardant et où des tramways glissent en silence…Je rêve de musiciens sur les places publiques, à l’ombres des grands arbres, qui sourient au doux son des clochettes de vélo…

L’automobiliste : J’ai pas le temps de rêver moi, laissez-moi passer!

La cycliste : Oh, vous savez, quand on est en avance sur son temps, on n’est pas si pressé…

L’automobliste : Ça suffit, là! C’est pour aujourd’hui ou pour demain?

La cycliste : Quand vous voudrez! Tout cela arrivera quand vous voudrez!..

Écotopie est un livre écrit par Ernest Callenbach en 1975. En gros, il raconte l’histoire d’un journaliste états-unien envoyé en Écotopie, un pays formé des états de la côte ouest nouvellement sécessionnée, pour lever, la première fois depuis 19 ans, le voile sur ce pays qui prône l’écologie comme manière de vivre.

Le livre est présenté sous la forme, d’une part, des articles de journaux que William Weston écrit à propos du gouvernement, du mode de vie, des innovations du jeune pays et, d’autre part, du journal personnel de ce même Weston. Tout au long du récit, le personnage principal, au départ curieux mais néanmoins méfiant face à ce nouveau monde en découvre les haut et les bas.

Écotopie n’est pas un livre bien écrit. Son style est plutôt lourd, même, mais c’est surtout le contenu qui en fait un des meilleurs livres que j’ai jamais lus. Présentant une utopie environnementaliste qui représente, dans les grandes lignes, le monde exact où je voudrais vivre : la lenteur, la communauté, la chaleur, le respect de la nature, la disparition des automobiles, la bonne nourriture, l’air pur, etc. Ce livre a été pour moi la mise en mots de ce monde parfait que je sentais en moi de façon diffuse.

Je ne me gêne pas pour publiciser ce bouquin parce que c’est une utopie réalisable. Il ne faut qu’un peu de bonne volonté pour y arriver, celle des gens qui vont cesser de se fier sur un gouvernement inutile pour régler leurs problèmes, autant quotidiens que ceux de la planète. À ce sujet, la forme de gouvernement présentée dans Écotopie n’est pas celle que je considère la meilleure. D’autres éléments, représentatifs des années 70, me font tilter de même. Écotopie est, en ce sens, un livre autour duquel les discussions pourraient – et devraient – être nombreuses. J’en retiens surtout l’idée d’environnement, de décroissance et de communauté (la bouffe en commun, la vaisselle aussi, le partage des savoirs), à vous d’en tirer ce que vous y voyez de bon pour la planète.

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Écotopie est quasiment introuvable (à moins d’un hasard merveilleux) en français. J’en possède une copie, et je ne suis pas la seule. Nous [possesseurs de la v.f. du bouquin] planifions nous atteler, un jour, à la tâche de le reproduire et de le rendre disponible sur internet. Pour le moment, sortez votre dictionnaire et prenez le risque de le lire en anglais. Le vocabulaire n’est pas trop complexe et si vous êtes capable d’écouter un film dans la langue de James Brown, vous devriez pouvoir sans trop de problème contempler la prose de Callenbach.

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Le wiki du bouquin. Le site officiel de l’auteur. Acheter le livre sur amazon [v. anglaise]. Qui se souvient d’Écotopie -une réédition en français?

Cascadia, une utopie écologiste dans le monde réel. Le wiki.

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